quelques méthodes d’évaluation d’impact pour l’innovation durable

S’engager dans une démarche d’innovation durable implique d’envisager l’impact potentiel ou réel de chacune des décisions de conception. Dans un tel contexte, il est souvent trop complexe, trop long, trop coûteux, voire impossible car le produit ou le service n’existe pas encore, de réaliser des mesures “scientifiques” précises de l’impact opérationnel, économique, social et environnemental de votre innovation. Il est en revanche possible et pertinent d’utiliser des méthodes d’estimation dédiées à ce contexte. De quoi s’agit-il ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Au sein d’Acovia, nous recommandons à nos clients qui veulent s’engager dans une démarche d’innovation durable d’adopter une approche d’éco-conception. Cette approche repose sur la répétition du cycle suivant d’étapes : recherche > conception > fabrication > test > mesure. Les étapes de test et de mesure consistent à évaluer les impacts opérationnels, économiques, sociaux et environnementaux de l’innovation (selon le modèle de la matrice d’impact d’Acovia). Lorsque le cycle est enclenché, ces deux dernières étapes peuvent fusionner avec l’étape de recherche initiale.

Dans ce contexte, envisager une mesure scientifique précise et étayée de ces impacts s’avère souvent trop complexe, trop long, trop coûteux, voire impossible car le produit ou le service n’existe pas encore. Il est donc beaucoup plus pertinent d’effectuer une estimation, une évaluation, voire des hypothèses, et de les préciser ou de les tester progressivement.

Faute de mesure scientifique, il est cependant important de documenter les données de l’estimation, de l’évaluation ou les hypothèses afin ensuite d’en rendre compte ou de pouvoir les utiliser a posteriori lors des étapes suivantes, par exemple à titre comparatif ou pour mesurer les progrès de la démarche.

Des outils méthodologiques ont été imaginés pour aider à ces estimations. Nous allons en présenter certains dans cet article.

Avant cela, précisons deux points importants. Tout d’abord, il faut avoir en tête que ces outils ou méthodes peuvent être plus ou moins adaptés selon que l’objet de l’innovation est un produit matériel (objet, machine, appareil…), un service, un dispositif, un business model, une application numérique, etc. Bien que la prise en compte de ces différences soit importante, par facilité, puisqu’il s’agit d’une simple introduction au sujet, nous ne distinguerons pas spécifiquement ici la pertinence de chaque méthode à ces différents contextes d’usage.

Deux autres points peuvent aussi aller dans le sens de ce choix. D’une part, il devient de plus en plus pertinent pour une entreprise de penser son offre non pas en créant des silos entre ce qui relève du matériel, du service ou du numérique, mais bien plutôt en créant des liens entre ces différents domaines, dans un continuum matériel-service-numérique qui permet de repenser l’ensemble de manière plus pertinente et originale, ce qui permet justement d’innover, notamment dans le sens de la création de nouveaux business models, par exemple ceux de la servicisation des produits (Product-as-a-service) ou de l’économie de la fonctionnalité. Cette approche va également dans le sens d’une vision plus systémique de la relation de l’entreprise à son écosystème, permettant ainsi une meilleure prise en compte des attentes de chacune de ses parties prenantes.

Deuxième point qu’il importe de préciser : Plusieurs de ces analyses reposent sur une approche multi-étapes et multi-critères : 

  • multi-étapes : cela signifie qu’on analyse les impacts à chaque étape du cycle de vie d’un produit ou service

  • multi-critères : cela signifie qu’on étudie plusieurs types d’impacts et non un seul.

On peut donc classer les méthodes d’évaluation selon leur respect des modalités ci-dessus, comme indiqué dans le schéma ci-dessous :

Voici donc une liste de méthodes, présentées de manière synthétique  (nous y reviendrons de manière plus détaillée ultérieurement) : 

Analyse du cycle de vie (ACV)

  • Méthode quantitative multi-étapes et multicritères

  • Normalisée sur le plan international : ISO 14040 et ISO 14044

  • On peut procéder à des ACV expertes ou simplifiées

    • Les ACV expertes peuvent parfois être trop complexes à mettre en œuvre dans cadre d’une démarche d’éco-conception

    • Une ACV simplifiée est parfois mieux adaptée

  • Programme des nations unies sur l’analyse du cycle de vie : https://www.lifecycleinitiative.org/

Matrice d’évaluation simplifiée qualitative du cycle de vie (ESQCV)

  • Voir ci-dessous une présentation cette méthode par la société Syctom :

Matrice MIME (Multi-impacts / multi-étapes)

  • Selon Hélène Teulon, auteur du Guide de l’écoinnovation, la matrice MIME est un tableau qui propose de “situer les impacts environnementaux principaux sur le cycle de vie du produit en cours de conception ou à reconcevoir. On s’appuiera sur les résultats d’une ACV existante si elle est disponible ; sinon on cherchera à documenter la matrice de façon semi-quantitative.”

  • La matrice permet donc une représentation simplifiée des principaux enjeux par étapes du cycle de vie (multi-étapes) et par types d’impacts (multi-impacts).permet une représentation simplifiée des principaux enjeux par étapes et par types d’impacts

  • On en trouvera une illustration ci-dessous, issue de ce document :

Ecolizer (acv simplifiée)

  • Outil créé par l’OVAM, l’agence publique de gestion des déchets de la région de Flandre.

  • L’Ecolizer est un outil ludique qui permet de calculer l'impact environnemental d'un produit au moyen d'éco-indicateurs. Il permet d’identifier quels matériaux, procédés, composants ou phases du cycle de vie d’un produit contribuent le plus à son impact environnemental.

  • La version en ligne initialement créée par l’OVAM n’existe plus. Une version imprimée est cependant commercialisée par le Pôle éco-conception.

Ecodesign pilot

  • Outil en ligne d’aide à la décision lors de la création d’un produit ou pour son amélioration, dans une optique d’éco-conception, c’est-à-dire en réduisant les impacts environnementaux qu’il génère à chaque étape de son cycle de vie.

  • Accessible en ligne à cette adresse : http://www.ecodesign.at/pilot

  • Créé par l’Université de technologie de Vienne en Autriche, en collaboration avec l’ADEME.

Évaluation par recherche documentaire

  • Consiste à s’appuyer sur la documentation disponible pour effectuer une estimation des impacts de l’innovation

  • Exemples de documents pouvant être consultés : littérature scientifique, benchmark d’ACV déjà réalisés et rendus publics, rapports et études, etc.

Évaluation collaborative

  • Consiste à solliciter les parties prenantes qui se prononcent sur l’impact. Par mécanisme d’intelligence collective, l’estimation est produite.

Roue de Brezet, ou roue des stratégies d’écoinnovation

  • Méthode d’idéation intégrant l’estimation des impacts environnementaux et sociaux à travers 7 axes correspondant au cycle de vie d’un produit.

Matrice d’efficacité environnementale et sociale

En synthèse

Principes clé :

  • Importance de la pensée en cycle de vie.

  • Estimation plutôt que mesure.

  • Intelligence collective plutôt que mesure scientifique.

  • Minimiser le risque d’erreur par des itérations test & learn les plus rapides possible.

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