Comment concevoir une IA responsable ou régénérative ?

Comme toutes les technologies numériques, l’intelligence artificielle produit un mélange d’impacts positifs et négatifs qu’il est très difficile de clarifier, d’attribuer et de maîtriser. C’est encore plus vrai avec l’IA générative, qui semble démultiplier les effets de l’IA “traditionnelle”. Face à cette situation, on constate d’un côté une tendance technophile par principe, de l’autre une tendance technophobe par principe. Aucune de ces deux postures ne nous paraît raisonnable pour une entreprise.

À la place, il nous semble nécessaire d’adopter une posture d’expérimentation éclairée, orientée par la boussole régénérative. Cette posture se traduit par les deux questions suivantes : Comment puis-je concevoir une IA la plus responsable ou régénérative possible ? ou Comment puis-je utiliser une IA de la manière la plus responsable ou régénérative possible ? Pour y répondre, nous vous proposons un guide tout simple, composé de 5 questions ou groupes de questions que vous devez vous poser avant de commencer un nouveau projet ou un nouvel usage de l’intelligence artificielle :

1. Dans ma situation, l’IA sert-elle un objectif positif ou régénératif ?

  • IA for green

  • IA for good

2. Sobriété de l’IA

  • L’IA que je veux créer ou utiliser est-elle nécessaire ?

  • Chacun de mes usages de l’IA est-il nécessaire ?

  • L’IA est-elle sobre dans son mode de fonctionnement ?

  • L’IA repose-t-elle sur un business model de sobriété, c’est-à-dire qui ne dépende pas d’une croissance volumique ?

3. Efficacité de l’IA

  • L’IA réduit elle au maximum son empreinte écologique à chacune des étapes de son cycle de vie (green IT) ?

  • Comment le fait-elle : éco-conception, consommation d’énergie, qualité des résultats… ?

4. Circularité de l’IA

  • Le cycle de vie de l’IA met-il en œuvre des principes de  circularité ?

5. Responsabilité sociale de l’IA

  • Le cycle de vie de l’IA met-il en œuvre des principes de  transparence, d’éthique, d’équité, de respect de la diversité, de respect du bien commun, de progrès social…?

Si les questions sont simples, les réponses, elles, ne le sont pas ! Et c’est là tout l’intérêt de la démarche si vous la conduisez sérieusement. Pour cela, voici quelques conseils sur la bonne manière d’aborder les choses : 

  • Documentez la démarche : Que ce soit dans l’espace de travail collaboratif de votre projet, un espace d’équipe ou tout autre moyen de partage de l’information. Créez un fichier avec ce questionnaire à chaque fois qu’une nouvelle opportunité de l’initier se présente. Vous pouvez aussi gérer cela dans un fichier excel, via un questionnaire en ligne, ou dans un outil tel que Notion ou tout autre support de collaboration.

  • Segmentez la réponse à chacune des questions selon la grille d’impact Acovia, et pour chaque domaine, utilisez des grilles telles que les limites planétaires pour l’impact environnemental. Commencez par les émissions carbone, puis réfléchissez ensuite aux autres impacts.

  • Ne craignez pas de laisser des questions sans réponse : C’est justement l’un des grands intérêts de la démarche : constater que de nombreuses questions sont sans réponse, ou qu’il est très difficile d’y répondre. Cela incite à l’humilité par rapport aux prises de décisions à ce sujet.

  • Ne considérez pas qu’une absence de réponse équivaut à stopper le projet ou l’usage : Une posture d’expérimentation éclairée consiste à avancer malgré l’incertitude et l’inconnu, en faisant preuve de prudence autant que de volonté.

  • Continuez à essayer de répondre à vos questions : Ce n’est pas parce que vous n’avez pas su répondre un jour que vous n’obtiendrez pas la réponse quelques jours plus tard.

  • Restez transparent et humbles, mais déterminés, sur votre démarche, au moins en interne dans l’entreprise, et dans la mesure du possible avec vos parties prenantes externes, notamment vos clients et utilisateurs.

  • Dans la mesure du possible, essayez de mesurer tous les paramètres de chaque question. Sur cette base, essayez de progresser dans l’éventail de ce que vous arrivez à maîtriser (vous arrivez à répondre à plus de questions) ainsi que dans l’évolution des résultats de chaque indicateur (votre impact est de moins en moins négatif et de plus en plus positif).

  • Profitez-en pour penser en termes de green IA / good IA / IA for green / IA for good en ayant en tête ceci : 

    • Votre impact sera certainement négatif par défaut sur le périmètre green IA / good IA. Dans ce domaine, concentrez tous vos efforts sur la réduction de votre impact négatif. Vous constaterez par ailleurs que sur ce périmètre vous restez très dépendant de votre écosystème et que votre marge de manoeuvre propre n’est pas très grande.

    • À l’inverse, sur le périmètre IA for green / IA for good, vous avez plus de liberté d’action et si vous faites preuve d’imagination et de détermination, votre impact peut être plus grand.

Si vous pensez que cette démarche est laborieuse, dites vous qu’elle va cependant dans le sens d’une autre démarche plus globale que doit mettre en œuvre votre entreprise : la CSRD. Cette dernière inclut par exemple le calcul d’un bilan carbone. Il est donc bénéfique pour tout le monde au sein d’une entreprise, de mutualiser cette approche de micro-analyse d’impact telle que nous la proposons dans cet article sur l’exemple de l’IA, avec une approche de macro-analyse d’impact telle que l’impose la CSRD.

Si vous avez des questions ou si vous souhaitez nous faire part de vos remarques suite à la mise en œuvre de cette démarche, n’hésitez surtout pas à nous contacter.

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